Monday, 3 October 2016

French Version of "Beware of the Antifox"

"Beware of the Antifox" is another story I first wrote in French and then translated to English. There are barely any SF magazines in French, so I was more lucky with the English version, published in Antipodean SF Magazine.

Here's the French version, click here to read the English version.



L'inconvénient d’être un antifaisan est que je dois à tout prix éviter les faisans, car une collision à haute vitesse avec l’un d’entre eux serait fatale à chacun de nous. Ce serait une annihilation totale dans un feu d’artifice de rayons Gamma. Or les chasseurs ne s’intéressent plus aux faisans, et ils pullulent.
Vous devez penser que je me plains pour rien, que c’est facile d’éviter de se heurter aux faisans. Après tout, ils sont assez gros pour qu’on les voie de loin. Mais voyez-vous, j’ai pris l’habitude d’emprunter les innombrables  trous de ver qui se trouvent un peu partout et comme vous le savez, quand on sort d’un trou de ver, on ne sait pas bien ou on va atterrir. S'il n’y avait pas de faisans, cela ne me dérangerait pas, car j’aime les surprises. Avant-hier, j’ai atterri dans un champ de neutrinos. Ils étaient très beaux, par contre n’allez pas de me demander de quelle saveur ils étaient. Je ne sais pas faire la différence entre les neutrinos muoniques, électroniques et tauiques.  
Aujourd’hui c’est mercredi et je pense à mon cher ami Jérôme qui a disparu. Nous avions l’habitude de passer un moment ensemble chaque mercredi, et le jour où il n’est pas venu à notre rendez-vous, j’ai craint le pire. J’ai demandé à ses amis, à ses parents, et à ses frères et sœurs, mais personne ne l’avait vu depuis le lundi.  Il me manque beaucoup ; c’était un ami fidèle et je pouvais tout lui confier. Parfois je pense que son âme est montée au ciel où faisans et antifaisans se côtoient sans crainte. Mais je ne parle de mes croyances à aucun de mes autres amis, car ils se moqueraient de moi. Il n’y avait qu’à Jérôme que je pouvais en parler.
Si je crois au paradis, pourquoi ai-je si peur de la mort ? C’est plus fort que moi ; c’est une peur viscérale et irraisonnée. En fait, c’est peut-être parce que je n’ai pas encore trouvé l’âme sœur. Je voudrais goûter aux joies de l’amour terrestre avant de mourir, et voir mes enfants sortir de leur œuf et m’appeler Papa. Mais voilà, je suis timide, et croyez-moi pour un antifaisan (comme pour un faisan), c’est un sérieux handicap. Les filles ne sont attirées que par les mâles qui chantent fort et qui font leur malin en déployant leur collerette avec des couleurs bien chatoyantes. Le jour où j’ai pris mon courage à deux pattes et que j’ai approché une petite poule bien mignonne, un autre gars est arrivé et m’a défié en dévoilant son croupion doré, alors je n’ai pas insisté.
Parfois je me demande si ne ferais pas mieux d’en finir, alors je multiplie mes voyages dans les trous de ver en priant pour une rencontre fatale.
Il m’arrive aussi de penser que de toute façon, quoique je fasse dans cet univers, j’ai des doubles dans des univers parallèles qui ont fait d’autres choix. L’un d’entre eux est plus courageux et a déjà des enfants, et un autre est peut-être déjà mort. D’ailleurs, je ne sais pas s’il y a des paradis  parallèles. J’espère qu’il y en a qu’un seul, comme ça je pourrai découvrir ce que mes doubles ont fait de leur vie.
Maman me dit que je me complique trop la vie et elle a sûrement raison, mais je n’y peux rien, je suis comme ça. Jérôme lui, voyait les choses plus simplement. La première fois que je lui ai proposé de voyager avec moi dans un trou de ver, il a cru que je l’invitais à manger.
Bon maintenant je m’arrête. Je vais sauter dans un autre trou de ver, et si je n’en reviens pas, vous saurez que j’aurais percuté un faisan, à moins que je me sois fait croquer par un antirenard.
 

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